• Des poissons morts photographiés, sombres miroirs de nous-mêmes

         Cela fait plus de dix ans que la photographe Anne-Catherine Becker-Echivard utilise dans ses créations des têtes de poissons morts qu’elle met en scène.

     

          Dans des décors très soignés, l’artiste crée un univers étrange, onirique dans lequel se mêle humour noir et satire terrible afin de mieux montrer les aspects déraisonnables de notre société.

         Dans son œuvre intitulée « Les temps modernes » (vous pouvez visiter son site ici), on voit des poissons costumés en humains, toujours en action et souvent au travail pour produire, dans des sortes de chaînes d’industries agroalimentaires ou pharmaceutiques, des quantités de « trucs » qui nous perdront (jouets, préservatifs aromatisés, saucisses industrielles, pilules, armes...).

     

    Des poissons morts photographiés, sombres miroirs de nous-mêmes

     

         Au premier abord, photographier des poissons permet de mettre en évidence d’apparentes oppositions : des êtres aquatiques jouant le rôle des terriens, des yeux étrangement fixes et pourtant si expressifs, sans compter le profil du maquereau finalement si humain… Ici les sardines sont bien mortes mais pas crevées, car elles sont propres et brillantes. On pourrait même dire que dans les photographies d’ACBE, les truites apparaissent vivantes, animées de manière impressionnante, traduisant tantôt la dispute, la colère, l’étonnement, l’écoeurement ou encore la surprise. Car ce n’est pas seulement le profil grotesque du poisson lui-même qui crée leur drôle d’expression, mais la posture et la gestuelle de ces marionnettes ainsi mises en scènes.

     

    Des poissons morts photographiés, sombres miroirs de nous-mêmes

     

     

         Alors, le poisson mort nous apparaît effectivement comme un moyen artistique efficace pour montrer au spectateur la tragédie de notre monde bourré de contradictions.

        A travers le regard des petits poissons tués d’ACBE, c’est l’humain fossoyeur de lui-même que nous contemplons.

     

    Des poissons morts photographiés, sombres miroirs de nous-mêmes

     

     

         Et, pauvre de nous ! ça nous fait sourire. Même si l’on considère le poisson comme un animal vivant dans l’eau qui est un des éléments à l’origine de notre propre existence, ou bien comme un animal intégré dans la mondialisation, ou même comme matière première de l’industrie alimentaire, ou encore comme un être vivant victime de la surpêche !

         Plus qu’aucun autre animal, les poissons d’Anne-Catherine Becker-Echivard fascinent par leur expressivité surnaturelle. Tout se passe comme si leur mort ne nous apparaissait plus, pas plus que la nôtre - qui nous guette pourtant- dans le monde actuel qui nous endort et nous empoisonne.

     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 7 Novembre 2013 à 15:18

    Une artiste bientôt à court de matière première, car les océans se vident à vue d'oeil...du beau travail interpellant !
    Sympathique blog que je découvre à l'instant
    Bonne continuation
    Seb

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